Blessures d’un ami
Alors que Job passe par de terribles épreuves, ses amis viennent pour lui apporter consolation et réconfort. Seulement, leurs discours moralistes et culpabilisants ne font qu’aggraver la souffrance de leur ami au point où Job leur dit : «Jusqu’à quand affligerez-vous mon âme, et m’écraserez-vous de vos discours ?» (Job 19.2). Sur une âme blessée ils déversent des discours culpabilisants qui ne font qu’accentuer sa douleur.
La vie n’est pas tendre et certains le ressentent avec plus d’acuité. Les coups qui leur sont portés par diverses situations dramatiques blessent leur âme : Abandon ou sentiment d’abandon, échec sentimental, divorce, deuil, perte de travail, violences, harcèlement, oppression, injustice…affectent leur être intérieur. Et, lorsque sur de telles blessures un « ami » vient leur asséner quelques paroles culpabilisantes, ils se sentent encore plus affecté. Alors qu’ils auraient besoin d’être simplement écoutés, les voilà renvoyés à leurs tourments, à leur éventuelle responsabilité.
Ces moralisateurs fâcheux se drapent d’un texte biblique pour accomplir leur triste besogne : «Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité» (Proverbes 27.6), disent-ils. C’est certainement en pensant à ce genre d’amis, que Voltaire disait: «Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis je m’en charge» (Voltaire n’avait pas coutume de prier, c’est pourquoi certains disent que c’est Martin Luther le réformateur qui aurait trouvé cette formule.) Quoi qu’il en soit, de tels amis ne font qu’enfoncer le couteau dans la plaie. Quant à moi je préfère cet autre texte de l’Ecriture : «L’ami aime en tout temps, et dans le malheur il se montre un frère» (Proverbes 17.17). Ce texte me semble plus proche du caractère de Christ, tel que nous le voyons lorsqu’il est face à la femme surprise en flagrant délit d’adultère ou face à la Samaritaine…
Dans les milieux évangéliques, la tendance naturelle est d’accueillir avec compassion les pécheurs incroyants, mais une fois devenus croyants malheur à eux s’ils commettent le moindre faux pas ! Quelqu’un a dit avec un certain humour : «L’église est la seule armée au monde qui achève ses blessés !» Peut-être que certaines blessures du passé, certains atavismes, remontent à la surface chez ces frères et sœurs ayant chuté, mais au lieu d’être entourés de prière et d’affection les voilà mis au banc des accusés, les voilà pointés du doigt, les voilà « mis au piquet » (comme cela se faisait autrefois dans les écoles primaires), ce qui ne fait qu’accentuer leur blessure. Apprenons à devenir de ces amis qui aiment en tout temps, alors nous pourrons aider ceux qui portent de profondes blessures dans leur être intérieur.
Paul Calzada
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